Le piano est l'instrument qui a le plus marqué mon adolescence,
la musique qui en sortait me semblait être une invitation au voyage intérieur, à la fois douce et pleine d'énergie,
aussi romantique qu'actuelle...
En écoutant Islamey, de Mili Balakirev, j'imaginais des danses exotiques dans un pays lointain,
et je me laissais bercer, tantôt par les Gymnopédies, d'Erik Satie,
tantôt par le mystère de la Sonate "Clair de Lune", de Beethoven...
Trois Nocturnes pour piano:
Étant moi-même compositeur, j'ai écrit trois Nocturnes pour piano, qui forment un cycle inspiré par les émotions de la nuit... voici les enregistrements que j'en ai fait moi-même:
Le Nocturne n°1 commence par un premier thème statique, qui pose comme une interrogation...
Il se poursuit avec l'apparition d'un thème beaucoup plus enjoué, voire épique!
Le développement central combine les deux thèmes de départ, qui sont transformés de façon à faire avancer la réflexion, jusqu'à un point d'orgue, puis un retour de l'atmosphère du premier thème.
Le deuxième est également repris, suivi d'un pont qui nous amène à un développement terminal et à la fin du morceau.
Le Nocturne n°2 débute par une mélodie rythmée, accompagnée par des arpèges brisés, sur des mesures asymétriques. Puis un second thème apparaît, animé par un processus amenant un crescendo jusqu'au zénith de la pièce, également celui du cycle, avant la résolution de la tension... Le morceau se termine doucement par une reprise écourtée du premier thème.
Alors que je réécoutais quelques morceaux pour orchestre que j'avais écrits, plusieurs années après leur éclosion, j'ai eu l'impression que cinq d'entre eux formaient naturellement une suite, du fait de leur enchaînement plutôt agréable dans l'ordre que je vais vous présenter... Voici le déroulement de cette suite pour orchestre : Elle commence par l'Ouverture, un morceau au caractère introductif très marqué, avec ses montées d'instruments à cordes et de cuivres, et en outre de nombreux traits rapides des bois ainsi que des roulements de timbales solennels.
Elle continue avec un morceau lent et sombre, Children's Story, qui parle d'une enfance triste : Il clame l'injonction d'éloigner le malheur de l'enfant et de son futur d'adolescent et d'adulte, avec un crescendo fulgurant de tout l'orchestre au centre de la pièce, qui n'est qu'une longue phrase musicale de trois minutes finissant dans la pénombre où elle a commencé.
Le morceau suivant, Under the Tree, plus court, a des connotations épiques presque wagnériennes, il commence doucement et monte jusqu'à l'explosion des trompettes et de tout l'orchestre.
Enfin, Soupirs Nocturnes résume tout ce périple, et permet à la suite de conclure sur une atmosphère optimiste, avec un mouvement final structuré qui commence et finit très doucement, mais dont les mélodies montent progressivement jusqu'à l'apothéose, avant de redescendre.